Fiche de Lecture 2 : Documents et Numérique

Publié le par thanys

Référence Bibliographique:

SALAÜN, jean-michel. Documents et numérique. Enssib, 2003, 12p. [En ligne]. Disponible sur : < http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/documents/archives0/00/00/08/31/sic_00000831_01/sic_00000831.pdf > (Consulté le 25 novembre 2005)


Résumé:

Comme pour les technologies, la notion de document a beaucoup évolué.
Ce texte présente cette notion sous trois approches : le signe, le texte et le médium, toutes les trois interdépendantes.

 

Le document comme signe (forme)

Document traditionnel = support + inscription.

Le document est quelque chose de matériel, manipulable et dont l’inscription se fait par une action humaine manuelle ou informatique. Le document doit être régi par des régles de mise en forme où les aspects, forme et technique, sont privilégiés par rapport au contenu.
Avec le passage du numérique, les traitements ont été facilités grâce au dispositif pour la lecture.
L’inscription, quant à elle, devient une donnée codée. C’est pourquoi le document numérique peut être défini comme étant la structure + les données.

Depuis la création du Web, des milliers de documents sont actuellement disponibles, accessibles par tous et sur tous les types de matériels.

Deux niveaux fondamentaux apparaissent : la structure logique des documents et leur représentation visuelle (styles) nécessitant une normalisation pour qu’ils puissent être lus par tous. Grâce au XML il est possible de capturer la structure et le contenu. Il est important de comprendre que le document est en perpétuelle évolution entraînant divers problèmes comme le rattachement du texte à son auteur, la question de la temporalité du document et de son écriture, la réécriture du texte par plusieurs personnes et surtout son appropriation par tous.

Du fait de cette évolution constante, le document ne dispose plus de forme propre rendant son authentification plus complexe. D’autres problèmes apparaissent, comme le risque de changement de notre perception dû à la diversité des appareils de lecture ou la question de la pérennité des documents numériques, ou encore la nécessité de conserver toutes les versions existantes pour chaque document sur le Web. Le travail serait colossal.


• Le document comme texte
(contenu)

Document = inscription + sens.

Ici le contenu et l’inscription sont le plus important. Le sens du document se sonstruit selon le contexte de production (catégorisation) et celui de diffusion (l'interprétation dépend de l'époque). Une double relation apparaît : celle du monde documentaire et celle du monde naturel.
Les langages documentaires, apparus vers la fin du XIXe siècles, sont dus à l’accroissement constant de documents. Le numérique a été utilisé comme outil de classement organisé sous forme de bases de données bibliographiques créant une sorte de tremplin de l’information et de la gestion directe des documents.

Le Web a fait en sorte que les documents soient formalisés (XML) et indexés permettant des traitements sémantiques des textes. Avec ce travail, sont apparues les « métadonnées » modélisables et combinables. L’auteur suggère que le document numérique pourrait prendre une nouvelle voie grâce aux apports du Web sémantique.

Le fait d’élargir les langages documentaires pourrait altérer notre rapport au savoir.

Le Web a créé une sorte d’explosion du savoir, donc des documents en ligne que nous avons encore du mal à contrôler. Nous assistons à une séparation du savoir : tout en co-existant l’un avec l’autre, nous avons d’un côté le savoir indexé, catalogué, défini (langages documentaires) et de l’autre le savoir désordonné sans métadonnées.

 

Le document comme médium (relation)
Document = inscription + légitimité
Cette partie traite de l’aspect communicationnel des documents. Chaque document a son propre caractère social, sa propre identité. Le document est porté par un groupe social qui le suscite, le diffuse et l'utilise.
Encore de nos jours, beaucoup de documents ne sont pas publiés et ne sont donc consultables que par un nombre limité de personnes (dossier médical ou concernant des secrets non divulgables). Tout comme les publications à large échelle, ils ont eux aussi leur légitimité.
Le passage au numérique a en quelque sorte "informatisé" la société (développement des documents au format numérique).

Le Web a créé une sorte de patrimoine collectif, une mémoire partagée. Cette évolution va en parallèle avec l’évolution de notre société. On assiste à une consommation intensive d’informations. Le document numérique, pouvant être lu par des milliers de personnes, fait que chaque lecteur devient à la fois producteur et consommateur de sa société. Le document numérique, qui est libre et accessible à tous, reste encadré, structuré par la loi et les statuts juridiques qui lui ont été attribués.

Au niveau des organisations, il risque un jour de supplanter le document papier. Tous ces changements entraînent des malentendus entre la technique (l’industrie du document) et le droit (propriété intellectuelle) mais favorise d’un autre coté les échanges entre la population et les institutions. Comme le qualifie bien l’auteur, « le Web est un vaste bazar où l’on trouve une multitude de documents consultables gratuitement pour le lecteur et reliés entre eux », d'où la nécessité d'un repérage et d'une mise en valeur des documents (liens, référencement).

Cette organisation entraîne certaines suppositions comme le fait que le Web deviendrait une sorte de sélectionneur, de repéreur d’information la plus pertinente possible et qui serait mise en valeur grâce aux liens et aux moteurs de recherche, ou encore que le Web sémantique créerait une personnalisation du document et donc des services sur mesure chacun accéderait à l’information dont il a besoin.

La question du financement des contenus reste elle-aussi un problème. En effet, le Web, qualifié par l’auteur de « bibliothèque universelle », permet sans coût de diffusion, l’accès au savoir et à la culture. Le souci serait de voir apparaître une sorte « d’élite » de l’information. C’est pourquoi se posent diverses interrogations sur la fiabilité du financement d’un réseau ouvert ou la garantie à moyen terme de la diversité et la pluralité des documents en ligne.

Nous ne sommes qu’au début de cette transition entre le papier et le numérique et le constat est que de nombreux déséquilibres sont encore présents. Il est donc nécessaire de bien s’organiser, que cela soit au niveau des coûts mais aussi au niveau de la structuration et l’archivage du savoir. La technologie avance vite et risque de nous dépasser si nous ne prenons pas toutes les mesures nécessaires.

 

L’auteur rappelle le rôle premier du Web comme outil de communication et documentaire, la nécessité du document de passer sous forme numérique au risque de tomber dans l’oubli ; c’est pourquoi comprendre la notion de document est primordiale et essentielle.
Pour conclure cet article, l’auteur souligne l’importance des enjeux, qu’ils soient financiers, culturels ou sociaux, la rapidité avec laquelle la technologie du numérique évolue créant de nombreux questionnements et incertitudes qu’il reste encore à résoudre.


Commentaire:

Texte très pertinent mais assez technique. En effet il est nécessaire de le relire plusieurs fois pour bien en saisir toutes les nuances. Par contre, l’article analyse bien les impacts qu’a eu l’évolution des technologies et le numérique sur le document mais aussi notre difficulté à gérer la masse d’information que cela a engendré.

La forme du document a été bouleversée par la généralisation des outils de traitement. Le document est déterminé par sa structure tandis que les présentations varient selon les outils de lecture. Comment savoir alors où s'arrête les limites du document?
Avec le numérique, le document peut faire sens même s'il n'est pas lu par un lecteur humain. Se pose alors le problème de l'extraction automatique des connaissances. En effet, on passe de données descriptives extérieures à une intégration de ces données dans le document lui-même. C'est pourquoi, les métadonnées aide la machine à comprendre le document et à savoir de quoi il traite.

Toutes ces évolutions technologiques font que de nombreuses interrogations se posent : Qu'en est-il de la pérennité des documents? Y a-t-il une valeur sémantique de la mise en forme? Peut-on analyser le contenu d'un document sans prendre en compte la collection dans laquelle il se trouve? Comment garder la mémoire des documents numériques et comment leur permettre une diffusion égalitaire? Faut-il tout numériser ou certains choix s'imposent?

Pour conclure, ce texte m'a permis de comprendre quels ont été et quels seront les enjeux du numérique via le Web et la façon dont ils doivent être gérés. Le document numérique et les langages documentaires sont en perpétuelle mutation où chaque citoyen de chaque pays en est le principal acteur. Mais le risque est que la vague créée par ces bouleversements technologiques risque d’être difficile à maîtriser.
Nous n’en sommes qu’au stade du balbutiement et de nombreuses interrogations restent en suspens.

Mots-clés :

Document numérique / Web sémantique / évolution des technologies / langages documentaires / numérisation / réseau / économie

Publié dans Les fiches de lecture

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