Fiche de Lecture 6 : Bibliothèques numériques et Google-Print

Publié le par thanys

Référence Bibliographique :

SALAÜN, jean-michel. Bibliothèques numériques et Google-Print . La Documentation Française, octobre 2005, 11p. [En ligne]. Disponible sur : <http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/documents/archives0/00/00/15/76/sic_00001576_01/sic_00001576.pdf> (Consulté le 15 décembre 2005)

 

Résumé :

L’article débute par une présentation de la firme Google, sa création (1998), ses concepteurs (Larry Page et Sergey Brin) et les objectifs principaux du moteur de recherche.

L’auteur tente ensuite de comprendre le modèle d’affaire de la firme, à savoir ce que qu’elle propose et les bénéfices qu’elle en retire.
Son modèle d’affaire est principalement la vente d’espaces publicitaires. Mais à la différence de la presse, de la radio ou de la télévision, elle s’est orientée vers trois objectifs :
- Le langage écrit, qui est la base même de la construction du Web. L’écrit tient une place primordiale (contenu des pages, indexation, repérage, requêtes, etc.) mais Google retourne à son avantage le fait de vendre des propositions commerciales (publicités). En effet, il propose la vente de « mots-clés » afin que les pages soient indexées par le moteur. Enfin, grâce à l’ingénierie linguistique et statistique, tout est automatisé permettant des transactions à coûts réduits.
- Pas de frontière géographique et sociale entre les pays : la firme Google s’adresse à un marché mondial d’annonceurs favorisant la personnalisation de masse.
- L’interactivité en temps réel de l’internaute, permet à la firme de vérifier l’impact des messages publicitaires. Appelé « économie de la recherche », il est le succès phare de Google, lui permettant de faire une belle entrée en bourse.

 

Malgré tous ces efforts, des faiblesses persistent. C’est pourquoi, Google s’est lancé dans l’activité multiforme présentant un grand éventail de services dont fait partie la numérisation des livres. L’objectif premier est de « capter l’attention de l’internaute en balisant l’ensemble de don cheminement ». Conséquence, les revenus publicitaires ont explosés ; et s’est axée sur l’accès aux contenus comme c’est le cas pour le projet Google-Print.

En ce qui concerne le projet, deux étapes sont à retenir :
- Septembre 2004, l’offre s’adresse aux éditeurs dans le but de diffuser seulement une partie des ouvrages afin de les promouvoir.
- Décembre 2004, l’offre s’adresse aux cinq plus grandes bibliothèques du monde. Le but ? Numériser à grande échelle leur collection. Google veut établir une copie de chaque version numérique des ouvrages et les diffuser sur Internet.

 

Mais un problème se pose : le copyright. La sélection des ouvrages est donc restreinte car peu de livres sont dans le domaine public. Pour les autres, seuls quelques extraits peuvent être numérisés.
Il est vrai que le projet est colossal : 15 millions d’ouvrages soit 4.5 milliards de pages ont été cités, même si Google n’a jamais confirmé ces chiffres ni le prix de l’investissement total.
Pour avoir une vision concrète du projet, il suffit de naviguer sur le site : on ne peut que admirer le travail de précision et les multiples possibilités qui s’offrent aux internautes comme la recherche sur le texte intégral.
Déjà utilisé par d’autres acteurs Web, pour les droits d’auteurs, Google souhaiterait « appâter » en quelque sorte, les ayants droits en promouvant leurs œuvres et donc, d’une façon, de rendre la vente plus lucrative. En cas de refus, il utiliserait le fair use qui permet de consulter des documents sans avoir besoin de leur autorisation.

 

Tout ceci a crée de vives réactions et oppositions.
La première, celle du président de la Bibliothèque Nationale de France, Jean-Noël Jeanneney, qui annonce qu’un tel projet ne ferait que renforcer la suprématie de la culture américaine sur le Web. Il suggère par ses propos que comparée aux Etats-Unis, l’Europe n’a pas de projet de numérisation propre. Soutenu par le Président de la République
, il a été décidé, début 2005, la collaboration de 19 bibliothèques européennes dans le but de croiser leur catalogue dans un projet nommé The European Library.
En juillet 2005, un comité de pilotage a été mis en place dans le but de créer une bibliothèque numérique européenne.
Malgré les propositions avantageuses de Google, les ayants droits ont eux aussi réagi défavorablement au projet américain, qui a décidé de suspendre la numérisation des livres qui possèdent encore un copyright. L’Europe devient une autre de ses cibles : une proposition de numérisation a été faite aux éditeurs européens en prenant compte des droits d’auteur selon les pays.
En septembre 2005, les auteurs de différentes associations ont porté plainte pour, je cite, « avoir numérisé des livres sans autorisation des ayants droits ». Tous ces soucis judiciaires ne font hélas que commencer…

 

Beaucoup de débats se sont enclenchés sur les droits d’auteur : certains pensent, comme la commission européenne, à assouplir les règles de propriété intellectuelle, d’autres au contraire, comme notre Ministre de la culture, à maintenir de manière stricte les droits de mise en ligne des documents.
Les concurrents de Google, entreprises commerciales ayant des projets semblables, ont eux aussi vivement réagi. Considéré comme une réelle menace, le projet Google-Print interdit « la création d’index concurrents sur le texte intégral des livres ».
Yahoo souhaite, quant à lui, créer une alliance d’acteurs appelée Open Content Alliance basée entre autres sur la recherche d’information sur le Web.

 

Malgré toutes ces réactions, le projet Google-Print reste encore trop flou pour être jugé, et ce que les professionnels souhaitent est le respect de la propriété intellectuelle et l’ouverture des outils.
Tout se bouillonnement a permis à tous de réfléchir et de se repositionner.

 

L’article traite ensuite de la notion de « bibliothèques numériques » et les débats que cela engendre. Les bibliothèques numériques permettent aux internautes d’accéder à un patrimoine culturel inestimable sous la forme de collections en ligne. Mais aussi ne sont pas en reste les revues scientifiques et académiques ou encore les librairies en ligne comme Amazon.
Les débats actuels ne pourront que clarifier les situations.

Le projet Google a soulevé d’importantes questions concernant la définition des priorités, le choix des acteurs et de la stratégie à établir, les coûts, l’urgence de préserver un patrimoine qui se dégrade vite mais aussi les questions de pérennité à long terme, de la propriété intellectuelle et le domaine public, la notion d’accès et celle de publication. Le web est-il le meilleur moyen pour favoriser l’accès à la culture ? Toutes ces questions nécessitent des réponses afin de mieux réviser les jugements et rééquilibrer les enjeux.


Commentraire :

Cet article permet de vraiment bien cerner l’ampleur du projet Google-Print, ses enjeux mais aussi la vague de protestations qu’il a soulevé au sujet de la propriété intellectuelle des documents. Ce projet a été en quelque sorte le déclic nécessaire pour que le monde entier réalise les possibilités qu’offrent la numérisation et la diffusion en ligne, pour la préservation de notre patrimoine.

Avant, ce projet me paraissait flou et à part le projet de numériser 15 millions d’ouvrages, je ne savais pas grand-chose. C’est pourquoi j’ai choisi de faire de cet article ma 6e fiche de lecture, tout d’abord pour ma propre culture personnelle mais aussi pour éclairer les personnes qui étaient dans le même cas que moi.

Je conseille cet article à tout ceux qui souhaite mieux connaître le projet Google-Print.
Par contre, ayant été écrit en octobre 2005, le document n’est plus tout à fait à jour.

 

Mots-clés :

Projet de numérisation / Google-Print / numérisation / débats / enjeux / commercialisation de l’information / mondialisation de l’information / propriété intellectuelle / droit d’auteur

 


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